Samedi 6 (suite) - Hambourg 

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Samedi 6 - Arrivée à Hambourg | Dimanche 7 - Hambourg

11 h 30. Je visite la passerelle navigation. Comme tout est indiqué en français, on a dû rajouter sur le moindre bouton, interrupteur, commande, afficheur, un autocollant en anglais. Le pupitre qui gérait la réfrigération des bananes a été vidé de son contenu, mais il reste les fiches d’instructions. Je regarde la carte pour mieux saisir la grandeur et la complexité du port de Hambourg.
Je me repère assez vite dans la timonerie, tout est clairement indiqué et logiquement regroupé, cela ne semble guère plus compliqué que sur des unités plus modestes. Le lieutenant l’arpente de long en large avec sa VHF portable. Je monte sur le toit de la timonerie, la vue y est splendide (enfin, si l’on peut trouver quelque beauté à ce paysage essentiellement industriel), et on s’y rend mieux compte de la taille du navire, surtout de sa hauteur.
À l’arrière de la timonerie, il y a un local avec deux gyrocompas.

12 h 00. Repas. Soupe, puis poivrons farcis, pas mauvais, sans plus. J’ai écarté le gâteau qui semblait bien étouffe-chrétien.

Sur la liste de la bibliothèque du bord, on nous promet “Giscard d’Estaing et nous” de Xavier de la Fournière, et “En contact avec les OVNI” de Uri Geller. J’ai eu beau chercher ces “incunables”, fouiller dans les placards pleins de romans policiers, mais peine perdue. Il faut dire que la liste est datée du 31 mai 1981, du neuvage du bateau. Toute une époque… Mitterrand était président depuis 20 jours, les communistes entraient au gouvernement, les fortunes de l’avenue Foch s’exilaient en Suisse.

16 h 00. Après avoir longuement observé les opérations commerciales et l’activité des quais, c’est le moment de la sieste. Je n’ai pas vu les passagers attendus. On verra bien ce soir au repas.

19 h 00. Côtelette de porc bien dure et trop cuite, avec ses frites blanches et pas cuites. Gika ramène l’épouvantable rosé de la veille, je lui demande si il ne peut pas me trouver du rouge. Il revient avec une bouteille de vin de table de Narbonne comme s’il tenait une bouteille de grand cru inestimable. Mais, surprise, c’est très correct. Six couverts attendent les nouveaux passagers, mais ils resteront vides. Pas de nouvelles d’eux.

20 h 30. Après le repas, je me décide à aller sur le quai pour une promenade digestive et admirer le Tage vu de l’extérieur. Une fois à terre, je me fais engueuler du bord (enfin, gentiment), d’abord en roumain, puis en anglais, parce que j’avais oublié de prendre mon badge. Je remonte donc (la coupée est très, très raide, sujets au vertige s’abstenir), et on m’explique que depuis le 11 septembre, ça ne rigole plus du tout dans les terminaux à conteneurs et qu’il y a beaucoup de contrôles de police. Je me plie donc à la procédure. De nombreux panneaux rouges indiquent que nous sommes à bord d’un navire CMA-CGM et que le niveau de sécurité est à 1, c’est à dire le minimum. Je m’en étais rendu compte avant-hier en embarquant sans que quiconque ne me demande ce que je pouvais bien faire là. Il y a deux matelots affectés au contrôle des entrées et sorties, un vieux et un petit jeune préposé aux badges.

Partout, les zones interdites au personnel ne faisant pas partie du bord sont signalées au sol (une bande pointillée rouge, restricted area ). Sur presque toutes les portes du château, il y a de gros sens interdits et des messages dissuasifs : No admittance without a ship’s pass. Unauthorized entry constitute a breach of ship’s security arrangement and will be reported to the port state authority. Au départ, j’ai mis un petit moment à comprendre que je pouvais faire fi de tous ces interdits, qu’ils ne me concernaient pas.

Au pont principal, j’ai trouvé affichée la liste des conteneurs aux contenus dangereux, leurs numéros, emplacements et les substances qu’ils contiennent (résines, solvants, et plein de choses dont je ne connais même pas l’existence). On a également rajouté des panneaux aux entrées des deux passavants avec un message du style “caution, hazardous goods”.

23 h 00 . Il est temps d’aller dormir.

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