Dimanche 7 - Hambourg

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Samedi 6 (suite) - Hambourg | Lundi 8 - En mer

Au bruit entendu vers minuit, les passagers attendus ont dû embarquer.

Du mal à sortir du lit ce matin. 8 h 00. Douche. 8 h 30. Café, jus d’orange et croissant (nous sommes dimanche). Ils se sont mis à quatre grues sur le bateau. Mais, avec les panneaux de cale encore ouverts, je doute que nous partions ce matin comme prévu. Soleil superbe, mais le fond de l’air est froid. Je me suis installé dehors pour écrire ces lignes. À côté, les peintres refont en rouge les caisses des lances à incendie. Pas vu Gika ce matin.

9 h 30. C’est la pause des dockers et grutiers. La fourmilière s’arrête et les hectares de conteneurs se transforment en une mystérieuse ville morte aux rues silencieuses.

10 h 30. Oups, je crois que j’ai frôlé l’insolation avec la réverbération sur la plage arrière.

12 h 00. Poulet, purée. Les passagers sont là. 3 hollandais, très calmes et silencieux, 3 danois, un peu plus expressifs. Mais aucun ne ressemble à l’idée que je me fais de passagers de cargo, ni même aucun à mon idée d’un hollandais ou d’un danois. Pour sûr, nos passagers sont atypiques. Pas osé poser de questions de peur de paraître indiscret. Étranges en tout cas.

J’ai appris à dire “merci beaucoup” en roumain. Ça ressemble à un genre de “moult tsou mecx”. J’ai visité les cuisines, très grandes. Il y a donc 2 cuisiniers et 2 stewards, 1 pour les officiers et 1 pour l’équipage.

14 h 00. Il fait un peu froid dehors. Il y a le CMA-CGM Pasteur devant nous. On embarque de grosses pièces mécaniques peintes en bleu, comme des morceaux de turbines hydroélectriques. Sous les panneaux de cale, il y a encore 7 hauteurs de conteneurs.

Bon, j’ai une overdose de conteneurs qui volent, je vais me coucher et faire la sieste, si, toutefois, le vacarme de l’empilage de conteneurs derrière la tête de mon lit ne perturbe pas mon sommeil.

14 h 20. On joue de la guitare dans la cabine d’à côté. Décidément, les nouveaux venus m’intriguent de plus en plus. Avec un verre collé à la cloison, je tente d’écouter ce qui se passe à côté, mais rien de concluant.

16 h 20. Réveillé après rêves érotiques très étranges. J’entends que le chargement continue. C’est déjà le coucher du soleil.

17 h 10. Les opérations s’achèvent. Deux policiers (ou douaniers ?) sont montés à bord.

17 h 50. Un chariot élévateur vient enlever la coupée. La machine est mise en route. Les lamaneurs arrivent. Nous allons enfin partir.

17 h 52. Nous décollons du quai.

18 h 10. Nous sortons du port. Adieu Hambourg, adieu vieille Europe.

“Quoique bon marin, cet individu était un exemple typique de ces Anglais insupportables qui, bien que préférant les autres pays au leur comme lieu de résidence, débordent cependant de prétention, leur orgueil national s’ajoutant à leur vanité individuelle.”

Herman Melville, La vareuse blanche.

21 h 00. Ce soir, jambon braisé et frites pas cuites.

Nos passagers sont vraiment étranges. Sympathiques au demeurant, mais on se demande vraiment ce qu’ils font là. Ils n’ont pas le profil. Et quand l’un d’eux m’explique que le bateau, c’est plus économique, je manque d’éclater de rire. Ce qui est sûr, c’est que ce ne sont pas des passagers “ordinaires”.

Nous descendons l’Elbe.

21 h 10. Le pilote débarque. Je vais faire ma petite promenade rituelle.

Il y a une boutique à bord. Enfin, une boutique est un bien grand mot, disons une liste de produits qu’il est possible d’acheter au bord et cela dépanne les marins en articles de base, brosses à dents, shampooing, gel de douche, alcool, tabac, etc. J’y ai relevé quelques prix (ceux des cigarettes risquent de faire pâlir bien des fumeurs) :

  • Champagne Deutz : 15,01 euros.
  • Suze : 5,95 euros.
  • Vodka Smirnoff, 1 l. : 5,58 euros.
  • Ballantines, 0,75 l. : 6,60 euros.
  • Ballantines, 1 l. : 7,97 euros.
  • J & B, 1 l. : 8,13 euros.
  • Paquet de Dunhill : 0,92 euro.
  • Paquet de Marlboro, Marlboro light : 0,91 euro.
  • Brosse à dents : 0,92 euro.

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