Mercredi 10 - En mer
Index
⇐ Mardi 9 - En mer | Jeudi 11 - En mer ⇒
Beau temps. Quelques coins de ciel bleu. Une ample houle atlantique berce le Tage.
Emploi du temps d’une journée type pour mieux comprendre l’enfer que je vis :
- 7 h 30. Réveil.
- 7 h 50. Douche.
- 8 h 20. Petit déjeuner.
- 9 h 00. Promenade.
- 9 h 30. Nettoyage de pipe.
- 9 h 40. Lecture dans mon confortable fauteuil.
- 10 h 30. Monter 3 étages pour se rendre à la timonerie.
- 10 h 35. Noter la position, le cap, la vitesse, et autres données d’intérêt concernant la navigation.
- 10 h 45. Contempler la mer.
- 11 h 00. Se faire offrir un thé par le lieutenant de quart.
- 11 h 20. Prendre l’air sur l’aileron sous le vent.
- 11 h 30. Redescendre dans ses appartements. Se servir un petit whisky, se bourrer une bonne pipe, s’installer confortablement dans son fauteuil et lire quelques pages de Melville.
- 12 h 00. Descendre déjeuner.
- 13 h 00. Reculer sa montre d’une heure.
- 12 h 20. Courte promenade digestive à l’arrière.
- 12 h 30. Enlever ses chaussures et se caler dans le lit.
- 12 h 31. Sommeil réparateur bien mérité.
- 15 h 30. Réveil en douceur.
- 15 h 40. Montée à la timonerie. Admirer le paysage. Attendre le coucher de soleil, s’il y en a un.
- 16 h 30. Retour à la cabine pour lire.
- 17 h 30. Tour de la plage arrière.
- 17 h 45. Retour à la lecture.
- 18 h 15. Sortie de la bouteille de Ballantine’s.
- 19 h 00. Ranger à regret son livre et descendre dîner.
- 21 h 00. Pipe digestive dehors si le temps le permet.
- 21 h 30. Extinction des feux après brossage de dents.
- 21 h 31. Sommeil du juste, bercé par la houle.
Comme vous pouvez le constater, voilà un rythme de vie vraiment éreintant. Heureusement que j’aurai encore 10 jours de vacances à Montréal pour me remettre de tout ce stress. ;-)
Notre cap est toujours 260°. À 11 h 05, nous étions 48° 15’ N, 17 ° 54’ 70” W, au dessus de la plaine de Porcupine (4500 à 4800 m. de profondeur). Vitesse : 16,8 nœuds. Il nous faut faire une moyenne de 17,77 nœuds pour prendre le pilote à 9 heures aux Escoumins. Le commandant, très courtois, m’a montré les cartes de l’arrivée. Je lui ai demandé s’il savait ce qu’il transportait, il n’en a aucune idée, seul le poids de chaque conteneur l’intéresse. Temp. eau : 14,7 °, air : 12,1°.
Dernière nouvelle : nous devrions avoir un nouveau coup de vent ce soir, plus fort que le précédent (qui était 6/7 Beaufort).
Le commandant croyait nos passagers arabes. Je lui ai dit que ces derniers n’apprécieraient sûrement pas car ils se présentaient comme des juifs. Il n’arrive cependant pas à me croire et me met le doute dans l’esprit.
12 h 00. Déjeuner. La salle à manger, située sur tribord, est divisée en trois parties. Au centre, une grande table ronde où s’installent le commandant, le second et le chef mécanicien. Sur l’arrière, une table pour les autres officiers et les élèves, sur l’avant, une table pour les passagers.
13 h 00. Encore changé d’heure. Chic, une heure de sieste en plus!
16 h 00. Belles lueurs du couchant. Bateau de pêche en vue.
Exercice incendie. En tant que passager, je suis censé, en ces circonstances, me rendre à la timonerie, mais, m’y trouvant déjà, le chemin ne fut pas bien long. J’ai écouté les compte-rendus essoufflés, venant par radio, des équipes d’exploration et de combat luttant vaillamment contre le feu au sein des machines. L’incendie fictif ayant été enfin maîtrisé et tout danger écarté, je pus regagner ma cabine.
19 h 00. Dîner. Couché tôt.