Certains vont nous parler
Et diront plus d’amour
Qu’une caresse précise,
Leur langue
Aussi lente et humide
Aussi tiède, brumeuse
Au beau milieu du soir
Qu’une envie d’espérer
Quand un calme fortuit
Une fraîcheur soudaine
Condensent nos désirs
Et gonflent nos poitrines
D’un soupir impatient,
Avide de lumière.
Leur langue
Avant d’aimer nous dire
Avant d’ouvrir nos lèvres
Fait miroiter l’instant
S’immobilise au seuil
De nos consentements
Gardant la vie fragile
Au dehors du palais
La goûte et puis nous donne
Le vertige d’un mot
Soulagé de sa peur.
Voilà tout dit ou presque
Qu’il faut qu’elle le redise
Leur langue
Qui s’efface en parlant
Et nous jette le trouble
Comme un agacement.
Hiver 1982.