Depuis qu’il marchait…

Depuis qu’il marchait, la nuit avait toujours été aussi belle : dans le ciel, comme sur une peau d’ébène, des paillettes d’argent, les étoiles palpitaient au rythme de son cœur. Le vent, parti de la montagne, quand il chassait par les dunes et la plaine, mêlait l’odeur des pierres à celle du sable refroidi. Pas un parfum de plante ne pouvait s’y deviner : le désert était parfait.
Ce qui précède n’a pas de suite. Des idées en l’air, sans doute. Ce carnet et ses feuilles blanches, celles que de la main je fais défiler en cet instant, effaré par le vide qu’elles prononcent, a traversé quelques mois sans prendre une ligne, une ride pour lui. Il était de tous mes voyages, mais j’ai peu voyagé. Il dormait sous des linges, au fond d’un tiroir, endroit privilégié qui détient l’accessoire dont s’habillent nos jours.
Je l’ai sorti ce soir, il prend l’air au balcon. L’air est silence et le balcon désert.
Le spectacle en suspens, le rideau restera fermé.