Atlassian, un éditeur Agile (2016)

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Atlassian est un éditeur de logiciel peu connu du grand public, mais qui remporte un succès mondial auprès de toutes les entreprises pratiquant la méthodologie de travail Agile. Cette société démontre brillamment qu’en conjuguant écoute de ses clients et haute qualité de service, sans oublier un marketing de pointe, l’on peut réussir avec des produits qui ne sont pas au départ particulièrement originaux. Ses logiciels sont dédiés au travail collaboratif, et spécifiquement celui des équipes de développement logiciel.

Mike Cannon-Brookes et Scott Farquha, Atlassian.

La société est créée en 2001 à Sydney en Australie, par Mike Cannon-Brookes et Scott Farquhar, deux camarades d’université. Elle fait du service et support Enterprise Java (J2EE), et propose des installations de serveurs Orion (IronFlare) et OC4J (Oracle). Son site de l’époque explique alors ainsi la dénomination de l’entreprise : « Cela signifie “comme Atlas” — ce n’est pas un mot qui existe, juste un genre d’adjectif. Atlas était un ancien dieu grec qui avait pour vocation à se tenir au sommet du mont Olympe, tenant le ciel avec ses mains pour l’empêcher de tomber. C’était en fait le premier gars à remplir notre mission, celle de fournir un “service de légende”, tout en “soutenant le monde”. » En 2002, le premier produit logiciel d’Atlassian est un ensemble d’outils de gestion de serveur Orion (Atlassian Tools).

JIRA website, 2002.

Peu après, Atlassian sort en version bêta le logiciel qui fera sa réussite : JIRA, un système de suivi de problèmes (issue tracking) basé sur J2EE. Il permet d’enregistrer des tickets décrivant un bogue, une demande de fonctionnalité ou n’importe quelle autre tâche à réaliser. Chaque ticket a un niveau de priorité qui lui affecté, de « trivial » à « bloquant », un statut, de « assigné » à « fermé », etc. Le programme ne fait à l’époque pas preuve d’une grande originalité : il ne se distingue pas particulièrement des autres logiciels de suivi déjà existants — comme Bugzilla, le programme lancé par Netscape Communications en 1998 — si ce n’est qu’il ne se limite pas aux seuls bogues logiciels.

Pour le nom du programme, Mike et Scott expliquent qu’ils n’appréciaient pas beaucoup utiliser Bugzilla — ce qui peut se comprendre — et l’avaient surnommé Gojira, du nom japonais du monstre Godzilla. Au sein d’Atlassian, Gojira était ainsi devenu le surnom de tout bug tracker, même lorsqu’une solution développée en interne est venue remplacer Bugzilla. Quand ils ont songé à mettre sur le marché leur solution-maison, ils se sont dits : laissons tomber le “Go” et gardons seulement “JIRA” !

En 2004, Atlassian dévoile Confluence, un logiciel de wiki en Java, orienté entreprise. Il est sans vice ni vertu (et, depuis quelque temps, sans même syntaxe wiki, ce que certains pourront trouver dommage, mais qui est en partie compensé par un éditeur wysiwyg de bonne facture).

Dans les années qui suivent, l’éditeur propose Crowd (outil d’authentification et autorisation), Bamboo (serveur d’intégration continue), Clover (couverture de code Java), Crucible (revue de code), FishEye (gestion de versions). En outre, Atlassian crée une impressionnante place de marché où l’on peut trouver un grand choix d’extensions tierces venant enrichir ses solutions.

JIRA GreenHopper, 2009.

En 2009, les deux produits phares restent JIRA et Confluence. C’est cette année qu’Atlassian commence à se présenter comme une entreprise pratiquant la méthodologie Agile et à proposer ses logiciels comme des aides au travail des équipes Agile. Dans cette démarche, la même année, Atlassian achète GreenHopper, un plugin pour JIRA entièrement dédié à la gestion de projets Agile, et développé par Pyxis Technologies.

En 2010, Atlassian lève 60 millions de dollars auprès des investisseurs Accel Partners (société de capital-risque). La société achète alors Bitbucket, la startup de Jesper Nøhr qui propose un service d’hébergement et de gestion de développement de logiciels utilisant Mercurial. L’année suivante, Atlassian y ajoutera le support des projets utilisant Git.

En 2011 et 2012, poursuivant sa croissance par acquisitions, Atlassian achète HipChat, un outil de clavardage et messagerie instantanée pour entreprises, puis SourceTree, un client Git/Mercurial pour Windows et Mac.

Atlassian San Francisco, 1098 Harrison Street.

En 2014, Atlassian lève la somme de 150 millions de dollars (T. Rowe Price Associates). Et en décembre 2015, l’éditeur se lance sur le Nasdaq où il remporte un vif succès, levant 462 millions de dollars, sa valorisation passant alors à près de 6 milliards de dollars.

JIRA intègre désormais en standard la logique et le discours Agile, autant en saveur Scrum que Kanban (les deux pouvant être panachées, style Scrumban). On peut ainsi créer des projets Scrum découpés en demandes (les “user stories”) qui sont cataloguées (le “backlog”), puis ventilées en “sprints”, les cycles de travail itératif. Le tout dans une interface soignée et moderne.

Le groupe possède aujourd’hui six implantations, dont deux aux États-Unis : Amsterdam (Pays-Bas), Austin (USA), Manille (Philippines), San Francisco (USA), Yokohama (Japon) et le siège historique australien à Sydney. Il emploie 1 400 personnes et compte plus de 50 000 clients. On trouve parmi sa clientèle nombre de compagnies prestigieuses. Mais Atlassian ne saurait s’endormir sur ses lauriers tant la concurrence est rude. Citons Slack à l’assaut de HipChat, par exemple, sans compter les nombreux acteurs qui viennent marcher sur les plates-bandes de JIRA. L’un des avantages d’Atlassian est, grâce à ses différents produits, de pouvoir proposer une offre globale couvrant la plupart des besoins d’une entreprise de développement. Cela dit, maintes sociétés optent déjà pour des solutions hybrides, comme JIRA pour les tickets et Github pour le code.


Atlassian, An Agile Company

Atlassian is a software editor that is little-known by the public at large, yet has a worldwide following among companies that practice the Agile work methodology. Atlassian has brilliantly demonstrated how to succeed with a product that is not particularly novel, by paying attention to clients’ needs and providing high-quality service.

Mike Cannon-Brookes and Scott Farquha, Atlassian.

Atlassian was created in the summer of 2001 in Sydney, Australia, by two friends from university, Mike Cannon-Brookes and Scott Farquhar. Mike and Scott provided service and support for Enterprise Java (J2EE), Orion (IronFlare) and OC4J (Oracle) server installations. Why did the founders choose the name Atlassian?: “It means ‘like Atlas’ or ‘Atlas-like’ - it’s not a real word, but it’s the would-be adjectival form of Atlas. Atlas was an ancient Greek god whose role in life was to stand atop Mount Olympus, holding up the sky with his hands to stop it from falling. He literally was the first person to fulfil our mission to provide legendary service while ‘supporting the world’.” In 2002, the company released its first software product, a set of Orion server management tools (Atlassian Tools).

JIRA website, 2002.

A short time later, Atlassian released a beta version of the software that would make it famous: JIRA, an issue tracking system based on J2EE. JIRA is a system for submitting issue tickets describing bugs, requests for features or any other task request. Each ticket is assigned a priority level, from “Trivial” to “Blocker”, a status, from “Assigned” to “Closed”, etc. The program was not a game-changer; in fact, it was similar to other issue tracking systems then in existence, such as Bugzilla, a similar program launched by Netscape Communications in 1998. The difference was that JIRA wasn’t limited to software bugs.

As for the program name, Mike and Scott explained that they didn’t particularly like using Bugzilla – understandably – so they nicknamed it Gojira, from the Japanese name for Godzilla. In Atlassian lingo, Gojira became the nickname for any bug tracker, even after an internal solution replaced Bugzilla. When they decided to launch their own solution, Mike and Scott decided to drop the “Go” and just keep “JIRA”.

In 2004, Atlassian released Confluence, a not-bad-not-great Java Wiki software for enterprises. Confluence has been stripped of Wiki syntax, a loss that some might lament but that is largely made up for by an excellent WYSIWYG editor.

In the years to follow, Atlassian launched Crowd (an authentification and authorization tool), Bamboo (a continuous integration server), Clover (Java code coverage), Crucible (code review), and FishEye (version management). Atlassian further created an impressive marketplace packed with third-party extensions that complement its own solutions.

JIRA GreenHopper, 2009.

In 2009, Atlassian’s two showcase products were JIRA and Confluence. That year, Atlassian started selling itself as an enterprise that practiced the Agile work methodology, and started promoting its software as work aids for Agile teams. That same year, Atlassian bought GreenHopper, a JIRA plug-in entirely dedicated to Agile project management, developed by Pyxis Technologies.

In 2010, Atlassian raised 60 million dollars from Accel Partners, a venture-capital investor. It then bought Bitbucket, a startup by Jesper Nøhr, offering a Web hosting and software development management service using Mercurial. The following year, Atlassian added Git project management support.

In 2011 and 2012, building on its growth-by-acquisition momentum, Atlassian acquired HipChat, a chatting and instant messaging tool for enterprises, soon followed by SourceTree, a Git/Mercurial client for Windows and Mac.

Atlassian San Francisco, 1098 Harrison Street.

In 2014, Atlassian raised 150 million dollars (T. Rowe Price Associates) and, in December 2015, went public on NASDAQ, quickly raising 462 million dollars, for a total market valuation of 6 billion dollars.

Basic JIRA now runs on the Agile logic and discourse, in both Scrum and Kanban flavours. Scrum projects can be carved up in requirements (“user stories”) which are catalogued (“backlog”), then divvied up into “sprints”, i.e. iterative work sprints, all within a modern, functional interface.

Today, Atlassian has six offices worldwide (two of which are in the United States): Amsterdam (Netherlands), Austin (USA), Manila (Philippines), San Francisco (USA), Yokohama (Japan), and the historic headquarters in Sydney, Australia. Atlassian employs 1,400 people and serves upwards of 50,000 clients, including many well-known companies. But Atlassian can’t afford to rest on its laurels, with competition nipping at its heels; HipChat is under attack by Slack, and JIRA is fighting competition on all fronts. One of Atlassian’s advantages is that, thanks to its various product offerings, it covers most software development companies’ needs. That said, many companies are now opting for a combination of solutions, for example using JIRA for ticketing and Github for code.