L’avenir de la mobilité, vu par Intel (2017)

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Le transport autonome est un sujet d’actualité auquel de nombreuses grandes compagnies technologiques s’intéressent de près, notamment Tesla, Apple, Alphabet/Google et Intel. Cette dernière a récemment fait une prévision étonnante sur le sujet : en 2050, « l’économie du passager » (terme mis de l’avant par Intel) représenterait un marché de plus de 7 000 milliards de dollars (US).

Quels sont les facteurs qui lui font avancer cette somme conséquente ? Intel prévoit une convergence de phénomènes qui vont former un terreau fertile pour le transport autonome à grande échelle. Entre autres : l’urbanisation toujours croissante et généralisée, l’adoption du transport urbain sur demande (à la Uber par exemple), les possibilités technologiques toujours plus grandes et l’accès démocratisé à une bande passante à très haut débit.

La mobilité en tant que service

Dans une étude récente, Intel présente ses conclusions sur l’importance qu’aura l’industrie naissante de la mobilité comme un service (Mobility-as-a-Service ou MaaS) dans un futur rapproché. La vision d’Intel pour 2050 fait état de trois pôles qui composeront la nouvelle économie du transport : la MaaS pour les citoyens, la MaaS pour les entreprises et de nouvelles initiatives de transport autonome.

Selon Intel, l’émergence de la MaaS pour les citoyens se fera d’abord et avant tout à travers l’adoption de tous nouveaux comportements concernant les transports. Par exemple, finie l’idée de posséder sa propre voiture d’ici quelques décennies. Les prospectivistes d’Intel estiment que les citoyens feront le choix massif d’opter pour des moyens de transport beaucoup plus économiques. Tout en restant individuels, car selon le géant technologique, le changement n’arrivera pas par le transport en commun, ce qui peut paraître de prime abord surprenant, mais pas tant que ça.

Le scénario prévu par Intel pour ce proche avenir est plutôt le suivant : quiconque pourra en tout temps demander qu’une voiture sans chauffeur vienne le chercher pour l’amener rapidement et sans encombre à la destination de son choix. C’est la forme que Google teste actuellement en Arizona.

L’autonomie pour économiser temps et argent

En plus de l’économie substantielle liée au fait de ne pas posséder de voiture individuelle, Intel prévoit les bénéfices suivants à l’échelle mondiale :

  • Environ 585 000 vies seraient sauvées grâce à un taux d’accident significativement moins élevé pour la période de 2035 à 2045 ;
  • Sur cette même période, Intel estime que la réduction des accidents amènera une réduction des coûts liés (assurances, réparations, etc.) de 234 milliards de dollars US ;
  • Enfin, les voitures autonomes permettront aux passagers d’économiser plus de 250 millions d’heures annuellement dans les grandes villes du monde en raison d’une meilleure gestion du trafic et de la congestion.

Selon les Nations Unies, plus des deux tiers de la population mondiale vivront en milieu urbain en 2050. La vision proposée par Intel présume qu’une concentration de la population de plus en plus élevée fera en sorte que le coût de la vie urbaine ne cessera d’augmenter. Ceci forçant un pourcentage substantiel de la population à s’éloigner vers une périphérie de plus en plus étendue, rendant difficile une infrastructure de transport en commun économique et efficace.

La congestion inévitable forcera alors l’adoption des véhicules autonomes, mieux à même de gérer la circulation. Selon cette même vision, les réseaux auront évidemment été optimisés et comme la majorité des autres véhicules seront autonomes également, les bouchons, accidents et autres obstacles sur la route seront chose du passé !

La révolution dans le transport des marchandises

Toujours selon l’étude d’Intel, les entreprises trouveront également leur compte, car le transport de marchandises deviendra lui aussi largement autonome, grâce à l’addition de flottes de camions intelligents. Des revenus de l’ordre de 3 000 milliards de dollars sont prévus pour 2050 pour cette industrie, soit environ 43 % de l’ensemble des revenus générés par cette économie des véhicules autonomes.

Autant pour la livraison locale que pour l’agriculture et l’industrie lourde, le transport autonome en mode MaaS permettra de plus de résoudre la pénurie mondiale de camionneurs sur longue distance. Seulement aux États-Unis en 2017, Intel estime qu’il y aura une pénurie de plus de 200 000 camionneurs qualifiés. Une situation similaire s’observe dans toutes les économies développées de la planète à l’heure actuelle.

De nouveaux services de transport personnalisés

Intel voit l’émergence d’une nouvelle culture permettant à de nouveaux modèles d’affaires d’émerger au cœur de l’économie du passager. Dans le changement de paradigme culturel, il y a l’abandon de la propriété et l’adoption des modèles d’abonnements et des services spécialisés, ce qui permettra la transformation des véhicules en « pods ». Ces pods sont des modules personnalisés par des entreprises, qui proposent des produits et services pendant que les passagers sont en transit. On pourrait par exemple imaginer des « pods-lits » offerts par Hilton ou encore des « pods-repas » offerts par McDonald’s. Après tout, si c’est le véhicule qui se conduit lui-même…

C’est l’autonomie, permise par des technologies dont nous voyons actuellement les débuts — guidage GPS, électrification des transports, apprentissage des machines, intelligence artificielle — qui permettra aux véhicules, voitures, camions et « pods » de rouler presque 24 heures sur 24 pour livrer des marchandises, transporter les populations, faire de la distribution… Avec ce transport routier à la fois plus intensif et mieux distribué, libéré de la « contrainte » du chauffeur, c’est l’économie en entier qui promet de mieux rouler.

En somme, cette étude représente-t-elle une vision stratégique, une utopie ou encore des vœux ? Il faut dire qu’Intel a intérêt à voir se réaliser ses scénarios, surtout depuis son achat en mars dernier de Mobileye, une entreprise israélienne développant des systèmes de vision pour l’automobile qui, en partenariat avec BMW, devrait mettre sur le marché une voiture autonome dès cette année. Pour le reste, seul l’avenir le dira !

 


The future of mobility as seen by Intel

Autonomous transportation is the latest thing, and large tech companies are jumping on the bandwagon, including Tesla, Apple, Alphabet/Google and Intel. In fact, Intel recently made quite the prediction: by 2050, “the passenger economy” (a term coined by Intel) will be worth 7 trillion US dollars.

How did they get to that figure? Well, Intel predicts that several trends will converge to open the way for universal autonomous transportation: increasing worldwide urbanization, the shift to on-demand urban transport (as in Uber), ever-growing technological capabilities and the mainstreaming of ultra-high-speed broadband connectivity.

Mobility as a service

Intel recently revealed the findings of its study on the potential of the fledgling industry of “Mobility-as-a-Service” (or “MaaS”). According to the study, by 2050, the transport economy will have three sides: MaaS for individuals, MaaS for businesses and new initiatives in autonomous transportation.

According to the Intel study, MaaS for individuals will come into its own with the emergence of new transportation behaviour patterns. For example, within a few decades, personal cars will be a thing of the past, as individuals shift to cheaper individual transport solutions. Indeed, Intel forecasters believe that individual transportation, rather than mass transit, will experience a transformation, which may be surprising at first, but actually makes sense.

Intel foresees a time when anyone will be able to request a driverless car at any time to quickly and efficiently take them anywhere. In fact, this is what Google is already testing in Arizona.

Autonomy saves time and money

Besides the substantial personal savings of not owning a car, on a global scale, autonomous vehicles will also provide the following benefits:

  • Around 585,000 lives can be saved due to a significantly lower accident rate from 2035 to 2045;
  • Over the same period, the drop in the number of accidents will lead to a 234 billion US dollar decrease in associated insurance and repairs costs;
  • Finally, autonomous cars will save passengers over 250 million hours of commuting time a year in the world’s major cities, thanks to better traffic management.

According to the United Nations, over two-thirds of the world’s population will live in cities by 2050. Intel believes that the increasing concentration of the world’s population will lead to an increase in the cost of city living, forcing a large percentage of urbanites to spread out over far-flung suburbs, making public transit infrastructures ever-less economical and efficient.

The resulting mass commutes will draw people to autonomous vehicles, which are better at managing traffic. According to Intel, communications networks will be optimized by then, which, combined with a majority of autonomous vehicles on the road, will make traffic jams, accidents and other impediments to smooth traffic a thing of the past.

A revolution in the transport of goods

According to the same study, businesses will also capitalize on autonomous transportation, as the transportation of goods becomes driver-free thanks to smart trucks. In fact, the delivery industry can expect revenues of some 3 trillion dollars by 2050, or about 43% of all revenue generated by the autonomous vehicle economy.

Be it for local trips or long-distance deliveries in the agriculture and heavy industry sectors, MaaS autonomous transportation will address the worldwide shortage of long-haul truck drivers. In 2017, the United States was short some 200,000 truckers; all developed countries are experiencing a similar shortage.

New personalized transport services

Intel believes a culture shift will give rise to new business models in the passenger economy. The new cultural paradigm will involve the relinquishing of proprietary cars in favour of subscription models and specialized services, turning vehicles into business-sponsored “pods” offering products and services to passengers while in transit. For example, Hilton could offer “bedpods”, and McDonald’s, “mealpods”. And why not, if the vehicle drives itself?

This autonomy, powered by technologies currently in their infancy – GPS systems, electrification of transportation, machine learning, artificial intelligence – will allow cars, trucks and “pods” to run 24-7 to deliver goods, transport people, distribute packages, etc. In fact, the entire global economy will go into overdrive, thanks to a more intensive and better-distributed use of the road, and the abstraction of human driver-related constraints.

So, is Intel’s study indicative of a strategic vision, a utopia, or wishful thinking? Whatever the case, Intel has a vested interest in its scenario coming true, since last March’s purchase of Mobileye, an Israeli company specialized in developing vision systems for cars which, in partnership with BMW, should market an autonomous car as early as this year. But time will tell!