De Flash Pro à Animate (2016)
En décembre dernier, suite à la disparition de Flash Professional CC au profit d’Animate CC, certains articles de presse techno claironnaient en gros titres “Flash est mort, Adobe l’a tué”, ou encore “Le dernier clou dans le cercueil de Flash”. La réalité est plus complexe et nuancée. De fait, Animate CC n’est qu’un changement de dénomination de produit au sein de la suite Creative Cloud.
Mais, il n’est un secret pour personne que l’animation Flash est entrée en défaveur avec l’apparition de nouvelles technologies, et, il faut en convenir, à la suite de certains manquements dans la gestion de cette solution logicielle de la part d’Adobe.
Une longue histoire
La technologie nait en 1995 à San Diego, Californie. La société FutureWave fait évoluer son logiciel de dessin vectoriel SmartSketch en y ajoutant des fonctions d’animation image par image, et le rebaptise FutureSplash Animator. Le logiciel, disponible sur Mac et PC, connaît un certain succès et est acheté fin 1996 par Macromedia, célèbre à l’époque pour son outil de développement de CD-ROM interactifs, Director.
FutureSplash est alors rebaptisé Macromedia Flash. Le système consiste alors en un logiciel de dessin et d’animation, et un lecteur d’animations gratuit, le Macromedia Flash Player, ce dernier étant rapidement fourni comme plug-in de navigateur Web. Les versions suivantes ajouteront des capacités de programmation avec un langage inspiré d’HyperTalk (langage des scripts d’Apple HyperCard).
Grâce au plug-in de navigateur, Flash fut l’outil de prédilection de nombreuses atrocités que nous avons vues ces vingt dernières années sur le Web. Souvenons-nous de ces sites qui ressemblaient à des portages de CD-ROM, à l’ergonomie souvent des plus ésotériques et en opposition avec toutes les règles de l’accessibilité, aux pages “splash” qui faisait désespérément chercher le salvateur bouton “Skip Intro”, aux bruitages sonores non sollicités, et bien sûr aux envahissantes publicités. Mais Flash sera aussi l’outil qui permettra d’inclure facilement de la vidéo dans les pages Web, surpassant les solutions QuickTime, Real, et Windows Media, ainsi que l’outil permettant de développer tout un écosystème de jeux en ligne (site Armor Games, par exemple en 2005).
L’entreprise Macromedia est achetée par Adobe en 2005 et Macromedia Flash est rebaptisé Adobe Flash en 2007 lors de la sortie de la suite logicielle CS3. Flash va alors bénéficier de fonctions héritées d’Adobe After Effects ainsi que de nouvelles capacités 3D. Adobe va également lancer Adobe AIR (Adobe Integrated Runtime), un runtime qui permet de distribuer des applications autonomes, pouvant s’exécuter en dehors d’un navigateur Web et développées avec Adobe Flash Pro.
Fin de règne pour le “Player”
Les premiers signes inquiétants pour Flash sur le Web sont apparus il y a une dizaine d’années lorsque des power users ont pris pour habitude de désactiver le plug-in, ou d’utiliser des extensions permettant de n’activer les animations qu’à la demande, afin d’éliminer les publicités les plus pénibles et d’économiser de la bande passante (la fonction “ClickToFlash” est devenue depuis un standard dans certains navigateurs).
Le grand tournant sera autant le fait de l’arrivée à maturité de la balise “<video>”, permettant de s’abstraire de l’hégémonie de Flash dans le domaine, que de la décision de Steve Jobs en 2010 de ne pas inclure le lecteur dans ses nouveaux produits mobiles (iPad et iPhone).
Attaqué sur de nombreux fronts, la sécurité du lecteur n’étant pas le moindre, Flash cède chaque jour du terrain aux solutions proposées par les instances de standardisation du Web (HTML5 Canvas). Début 2015, après l’avoir longuement testé, YouTube est passé à HTML5 par défaut pour son lecteur vidéo, envoyant un signal fort au reste de l’industrie. Des navigateurs, comme Safari sur Mac OS, ne proposent même plus le plug-in Flash dans son installation standard.
Ce qui meurt aujourd’hui, c’est l’extension Web, devenue vectrice de divers logiciels malveillants, mais pas la belle application de création d’animations. C’est bien pour cela qu’Adobe a choisi de renommer cette dernière pour la dissocier d’une technologie révolue. Si les animations Flash sur le Web sont sur le point d’appartenir au passé, il n’en est rien pour la solution d’animation. S’appelant désormais Animate, le logiciel ne fait plus référence à aucune plateforme particulière. Flash n’était depuis quelque temps qu’un format parmi d’autres pour partager les animations, Adobe ayant par ailleurs fait des efforts considérables en direction de l’export HTML5 et WebGL. Et Animate permet toujours de créer des applications autonomes via AIR, ce qui représente un marché non négligeable, surtout pour les applications mobiles.
Cependant, le domaine qui a à perdre dans un premier temps avec la disparition du lecteur Flash est probablement celui des jeux, les solutions proposées par les standards, et surtout leur implémentation dans les navigateurs, demeurant encore en retrait de tout ce qu’il était possible de faire avec Flash.
From Flash Pro to Animate
Last December, after Flash Professional CC was retired in favour of Animate CC, some tech publications proclaimed “Flash Is Dead, Long Live Adobe”, or “The Final Nail in the Flash Coffin”. The truth is more complex and nuanced. In fact, Animate CC is just the new name for one of the products in the Creative Cloud suite of products.
That said, it is a well-known fact that Flash has fallen out of favour with the emergence of new technologies and, to be honest, due to bad decisions on Adobe’s part.
A Long History
Flash technology was born in 1995 in San Diego, California, when FutureWave enhanced its SmartSketch vector-based drawing software by adding frame-by-frame animation features and re-released it as FutureSplash Animator. The new software, available for Mac and PC, was a hit. In 1996, it was acquired by Macromedia, which, at the time, was well known for Director, its interactive CD-ROM development tool.
FutureSplash was rebranded as Macromedia Flash. Flash was a two-part system: a graphics and animation editor, and a free player known as Macromedia Flash Player, which quickly became available as a free browser plug-in. Subsequent versions added programming capabilities with HyperTalk-based language (Apple HyperCard’s scripting language).
Thanks to its browser plug-in status, Flash abetted countless crimes against Webanity over the last twenty years: sites resembling CD-ROM ports with esoteric, user-unfriendly ergonomics that broke all accessibility rules; “splash” pages that had us scrambling for the merciful “Skip Intro” button; unsolicited audio components; and invasive ads, just to name a few. But Flash also helped with uploading of videos on Web pages, besting QuickTime, Real, and Windows Media solutions, as well as developing an entire system of on-line games (Armor Games, for example, in 2005).
Macromedia was acquired by Adobe in 2005 and Macromedia Flash was rebranded as Adobe Flash in 2007 with the release of the CS3 software suite. Flash inherited Adobe After Effects’ features, offering new 3D capabilities. Adobe also released Adobe AIR (Adobe Integrated Runtime), a runtime engine for distributed autonomous applications that are developed with Adobe Flash Pro and can run outside a web browser.
End of the “Player”
The first sign of trouble for Flash on the Web appeared a dozen years ago when power users started deactivating the plug-in and using extensions to activate animations only on demand in order to spare themselves the worst of the ads and to save bandwidth (the “ClickToFlash” feature has since become standard in some browsers).
But its fate was sealed with the development of the “<video>” tag, which broke the monopoly of Flash, as well as Steve Jobs’ 2010 decision to not include the reader in new mobile devices (iPad and iPhone).
Under assault on all sides, including and especially on the security front, Flash is losing ground to Web standardisation solutions (HTML5 Canvas). In early 2015, after extensive tests, YouTube switched its default video player to HTML5, sending shockwaves through the industry. Now, navigators such as Safari on Mac OS no longer offer the Flash plug-in for their standard installation.
If anything is dying, it’s the Web extension, which has morphed into a vector for malware, though not for the animation application. Adobe decided to rebrand its application in order to distance it from an obsolete technology. Though Flash animations on the Web are a thing of the past, the animation solution is still alive and kicking under the name Animate, with no connection to any particular platform. In any case, Flash had become one format among many for sharing animations, Adobe having made considerable efforts with exporting HTML5 and WebGL. And Animate still makes it possible to create autonomous applications with AIR, which is still an important market, especially for mobile applications.
In the end, the field that has the most to lose from the death of the Flash reader is probably gaming, with the standard solutions, and especially their browser implementation, still lagging behind what could be done with Flash.