Les incubateurs, acteurs clés de l’écosystème des nouvelles technologies (2017)
Tout récemment, Facebook a annoncé une nouvelle un peu surprenante : l’entreprise prévoit lancer à Paris un incubateur de start-ups, le Startup Garage. Il s’agit de la première expérience du genre pour Facebook, qui aidera jusqu’à 15 entreprises en démarrage à parfaire leur projet dans le domaine du traitement de données.
Pourquoi Paris ? L’écosystème d’affaires et technologique y est certainement très dynamique, au point que Facebook y a déjà installé un de ces trois laboratoires sur l’intelligence artificielle (après la Silicon Valley et New York). Les plus cyniques considéreront également probablement les avantages fiscaux liés à la R&D offerts en France… Mais peu importe, l’investissement de « plusieurs millions d’euros » reste le même.
Facebook se joint ainsi au projet Station F, qui ouvrira ses portes en avril dans le 13e arrondissement de Paris et accueillera à terme près de 1000 start-ups. Selon la maire de Paris, Anne Hidalgo, « avec ces 60 incubateurs, 85 espaces de travail partagés et 35 laboratoires », la ville concurrence sérieusement depuis l’année dernière sa rivale Londres en matière d’argent investi dans les start-ups.
Incubateur ou accélérateur ?
Les deux termes sont souvent utilisés de manière interchangeable, mais ce n’est pas le cas. Un incubateur de start-up s’intéresse à des entreprises (pratiquement) naissantes, qui possèdent un projet prometteur. Il accompagne les jeunes pousses sur le moyen ou long terme (pendant 6 à 12 mois par exemple).
Les accélérateurs s’adressent plutôt à des entreprises au projet plus abouti, ayant toutefois besoin d’un coup de pouce pour le développement et la commercialisation. L’assistance est plus courte (3 mois ou moins) et plus ponctuelle.
Il existe toutefois des points communs entre les deux : la plupart du temps, les incubateurs et accélérateurs sont des structures à but non lucratif. Au stade de l’incubateur, les projets sont souvent chapeautés par des institutions académiques, gouvernementales ou de développement économique ; alors que le financement des accélérateurs vient habituellement plutôt du capital de risque [1].
L’émergence des incubateurs
Même si on doit l’invention du concept à Joseph Mancuso, qui a créé en 1959 le premier incubateur d’entreprises à Batavia, New York, la pratique n’a commencé à prendre un certain essor qu’au milieu des années 2000, marquées par le succès exemplaire de Y Combinator à partir de 2005.
Depuis, le modèle n’a cessé de prendre de l’expansion ; un organisme américain comme la National Business Incubator Association (NBIA) compte maintenant plus de 2 100 membres dans 60 pays [2].
Le concept fonctionne parce que l’expérience ressemble à une « éducation immersive, » affirme Brad Feld, cofondateur de l’accélérateur mondial TechStars, où une « période d’attention intense et focalisée permet aux fondateurs d’une compagnie d’apprendre sur un rythme très rapide. Tous les fondateurs finissent par apprendre par expérience, mais il s’agit d’un processus hautement inefficace et lent. L’idée des accélérateurs, c’est justement d’accélérer ce processus, de restreindre cet apprentissage dans une période fixe [3]. »
Et la méthode semble effectivement porter fruit ; les entreprises ayant passé à travers le processus d’un incubateur/accélérateur sont en effet beaucoup plus susceptibles de réussir que les autres. Selon la NBIA, 87 % des entreprises ayant suivi le programme d’un incubateur sont toujours en opération après 5 ans, comparativement à 44 % des autres [4].
Trois de ces compagnies font même partie des « licornes », qui partagent leur rareté et leur caractère mythique avec les créatures de contes de fées. Airbnb, Dropbox et Stripe, aujourd’hui toutes des entreprises privées évaluées à plus d’un milliard de dollars, ont en effet comme point commun d’être toutes passées par cette « école ».
Et au Québec ?
Le Québec ne fait pas exception à cette récente vague d’incubateurs de start-ups et d’accélérateurs d’entreprises. On en compterait plusieurs dizaines au Québec. En plus de projets comme la Maison Notman ou Montréal Ville intelligente, on trouve de nombreux autres endroits disséminés un peu partout dans la province, par exemple : le Centre d’entrepreunariat de Shawinigan, le Centre Entreprendre au Cégep Garneau et Le Camp à Québec, l’Espace-inc à Sherbrooke, l’incubateur de la Société de Développement de Drummondville, etc.
Selon l’entrepreneure, blogueuse et conférencière Kim Auclair, les incubateurs « améliorent les chances de réussite d’une entreprise tout simplement parce qu’ils offrent les outils précis qui leur permettent de maximiser leurs chances. » Les nouveaux entrepreneurs y sont assez choyés, ayant « l’occasion non seulement de suivre un accompagnement performant, mais également d’agrandir leur réseau de contacts, de gagner en visibilité et d’accroître leur crédibilité, » explique Mme Auclair.
L’une des grandes forces de ces incubateurs résiderait dans la polyvalence de leur expertise. Pour Kim, le passage en incubateur permet aux entrepreneurs « d’avoir accès à des conseils provenant de spécialistes dans différents domaines, qu’ils n’auraient peut-être pas les moyens de s’offrir. »
Y a-t-il des désavantages à faire partie de ces projets, pour Mme Auclair ? « Puisque chaque endroit est différent, il est très important pour les entrepreneurs de bien se renseigner et de cibler ce qu’ils recherchent exactement. Les accélérateurs d’entreprise peuvent ne pas convenir à tout le monde. »
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- [1] Source devenirentrepreneur.com.
- [2] Source nbia.or.
- [3] Source brookings.edu. Traduction libre.
- [4] Source businessnewsdaily.com.
Crédits photographiques : Station F, Willmotte & Associés, Paris. Centre d'entrepreneuriat Alphonse-Desjardins Shawinigan.
Incubators, key players in the new technology ecosystem
Facebook has just made a surprising announcement: it is going to open a start-up incubator in Paris, called Startup Garage. This is the first experience of its kind for Facebook, and will help up to 15 startup companies fine-tune their projects in the field of data processing.
Why Paris? Well, its business and technology ecosystems are highly developed, to the point where Facebook opened its third artificial intelligence lab in Paris, after Silicon Valley and New York. Cynics will say it probably has more to do with the R&D tax breaks offered by the French government… which takes nothing away from the “multi-million euro” investment.
The Facebook incubator will be taking up residence at Station F, a complex set to open in April in the 13th arrondissement and which should eventually host some 1,000 start-ups. According to Anne Hidalgo, the city’s mayor, Paris, “with its 60 incubators, 85 shared workspaces and 35 laboratories”, has been giving its arch-rival London a run for its start-up money for about a year now.
Incubator or accelerator?
The terms are often, and erroneously, used interchangeably. Incubators focus on nascent companies with a promising idea, holding their hand over the medium to long term (6-12 months).
Accelerators, on the other hand, focus on companies with an actual project who need a leg-up to reach the development and marketing stage. Their involvement is brief and ad-hoc (3 months or less).
That said, incubators and accelerators have one thing in common: most are not-for-profit. At the incubator stage, projects are often overseen by academic, governmental or economic development institutions; while projects at the accelerator stage are usually financed through venture capital.
The emergence of incubators
The concept was born back in 1959, when Joseph Mancuso created the first business incubator in Batavia, New York. But it only spread in the mid-2000s, and especially as of 2005, with the stellar success of Y Combinator.
Since then, the model has traveled far and wide; in fact, the American National Business Incubator Association (NBIA) now has some 2,100 members in over 60 countries[1].
The concept works because the experience is like “immersive education”, says Brad Feld, cofounder of the global startup accelerator TechStars: “a period of intense, focused attention provides company founders an opportunity to learn at a rapid pace. Learning-by-doing is vital to the process of scaling ventures, and the point of accelerators is to accelerate that process. In this way, founders compress years’ worth of learning into a period of a few months[2].”
The concept seems to be bearing fruit: companies that graduate from an incubator/accelerator process do seem far more likely to succeed than others. According to the NBIA, 87% of these companies are still in business 5 years later, as compared to just 44% of those that don’t go through an incubator/accelerator process[3].
Three of these companies are in fact called “unicorns”, i.e. as rare and mythical as the fairytale creatures. Airbnb, Dropbox and Stripe, three private companies valuated at over one billion dollars, all went to incubator “school”.
What about Quebec?
Quebec also surfed the wave of start-up incubators and accelerators, counting several dozen such outfits in Quebec, with the Notman House and Montréal Ville intelligente in Montreal, plus many others all over the province, like the Centre d’entrepreunariat de Shawinigan, the Centre Entreprendre at Cégep Garneau and Le Camp in Quebec City, Espace-inc in Sherbrooke, the Société de Développement de Drummondville, etc.
According to entrepreneur, blogger and public speaker Kim Auclair, incubators “enhance companies’ chances of success simply by giving them concrete tools to maximize their chances.” New entrepreneurs are presented with a wealth of opportunities “to benefit from high-quality mentoring but also to extend their network of contacts, gain visibility and enhance their credibility”, says Ms. Auclair.
One of the major assets of these incubators is their versatility and wide-ranging expertise. According to Kim, joining an incubator allows entrepreneurs “to access advice from experts in several different fields that they might not otherwise be able to afford.”
What are the disadvantages of these projects? According to Ms. Auclair, “Each accelerator is different, so entrepreneurs must do their homework and select the right one for their needs. Accelerators aren’t for everyone.”
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- [1] Source nbia.org.
- [2] Source brookings.edu.
- [3] Source businessnewsdaily.com.
Photo credit: Station F, Willmotte & Associés, Paris. Centre d'entrepreneuriat Alphonse-Desjardins Shawinigan.