Le degré de maturité numérique des PME (2018)
Étant donné l’accélération intense du rythme des changements technologiques, les entreprises doivent adopter les technologies numériques pour demeurer concurrentielles et assurer leur pérennité, mais pas seulement : l’intérêt du concept de maturité numérique est de faire comprendre que la seule utilisation d’outils numériques ne suffit pas, elle doit être accompagnée d’une solide culture numérique qui permet de profiter pleinement de l’investissement et de gérer le changement.
La Banque de développement du Canada (BDC) est une institution financière du gouvernement qui offre ses services exclusivement aux entrepreneurs, en complément des offres des banques privées. Récemment, elle s’est intéressée à la pénétration du numérique au sein des PME canadiennes (les entreprises de moins de 500 employés). Souhaitant encourager ces entreprises à adopter de nouvelles technologies et à prendre le virage du numérique afin de stimuler leur croissance, la BDC a mené un sondage auprès de plus de 2 000 entrepreneurs pour savoir quelle est la situation actuelle. Autant dire tout de suite qu’il y a de la place pour mieux faire pour la plupart de ces entreprises. Alors que les changements technologiques n’ont jamais été aussi rapides que depuis le début de ce siècle et que la connectivité, l’automatisation et les données sont devenues d’une grande importance stratégique, une majorité de PME a une faible “maturité numérique”.
Qu’est-ce que la maturité numérique ? La maturité numérique est une évaluation du degré de transformation numérique d’une entreprise. Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a mis au point, en collaboration avec Capgemini Consulting, une méthodologie pour mesurer cette maturité. Elle repose non seulement sur les usages (outils numériques pour gérer les relations clients et fournisseurs, collecte et utilisation des données pour asseoir des décisions, numérisation et intégration des processus d’affaires), mais aussi sur la culture numérique de l’organisation, c’est-à-dire sa capacité de mettre en œuvre le changement (stratégie et vision, planification, appui des dirigeants, environnement valorisant la prise de risques et l’innovation, formation et apprentissage continu). On parle de mesure de l’intensité numérique et d’évaluation de la gestion de la transformation. Les entreprises à forte maturité technologique connaissent de meilleurs résultats financiers que les autres. Le quart des entreprises conjuguant faible intensité numérique et faible gestion de la transformation ont vu leurs revenus chuter au cours des dernières années.
Les avantages de la transformation numérique se traduisent directement dans les chiffres : les entreprises canadiennes ayant une maturité numérique avancée sont 62 % plus susceptibles de connaître une croissance élevée de leurs ventes et sont 52 % plus à même de voir une importante augmentation de leurs bénéfices. Ces entreprises ont 3 fois plus de chance d’avoir innové dans leur secteur. A contrario, les PME ayant peu investi au cours des trois dernières années ont majoritairement vu une baisse de leur chiffre d’affaires.
Malgré les atouts connus de l’investissement dans les technologies, seulement 19 % des PME canadiennes sont avancées sur le plan de la maturité numérique (aux États-Unis, la proportion est similaire avec 18 %). Et ce chiffre connaît des disparités d’une province à l’autre. Les PME du Québec apparaissent comme les championnes de la transformation numérique avec 26 % alors que la Colombie-Britannique et le Canada atlantique sont à la traîne avec 15 %.
La taille de l’entreprise influe bien sûr : les 19 % de l’ensemble des PME canadiennes ayant atteint un niveau élevé de maturité numérique sont à comparer aux 34 % des grandes entreprises qui l’atteignent. Le secteur d’activité a aussi son importance : les entreprises de services aux entreprises sont plus avancées que celles des secteurs de la production de biens.
Si l’on ne prend pas compte la présence sur les médias sociaux, une minorité d’entreprises ont intégré pleinement les technologies numériques. Au total, 57 % des PME de toutes tailles ont un faible niveau de maturité numérique ; ce qui veut dire qu’elles n’ont pas recours aux outils de marketing numérique, aux outils de gestion opérationnelle et de gestion de la productivité comme les CRM et ERP, aux outils de stockage et d’analyse des données, ni aux outils numériques de conception, de production ou d’automatisation.
5 étapes vers la maturité numérique
La BDC a défini 5 étapes essentielles pour la transformation numérique de l’entreprise :
1. Définir et communiquer une vision numérique.
2. Investir dans la technologie.
3. Instaurer une culture du changement.
4. Tirer parti de la puissance des données.
5. Mettre l’accent sur l’amélioration continue.
Pierre-Olivier Bédard-Maltais, économiste à la BDC, ajoute un sage conseil :
“Employez-vous plutôt à hausser votre niveau de maturité numérique une étape à la fois. La plupart des entreprises qui ont du succès commencent par de petits projets pour développer les compétences, aplanir les difficultés et confirmer que l’investissement sera rentable. Même le plus petit projet peut apporter des avantages durables.”
Dans sa volonté d’aider les entreprises canadiennes à être plus performantes et concurrentielles, la BDC propose un outil d’évaluation de la maturité numérique dont les résultats sont assortis d’une comparaison avec des entreprises du même secteur et de taille similaire. Elle offre aussi d’utiles services-conseils pour aider les PME à planifier et adopter les nouvelles technologies. Par ailleurs, la BDC offre des financements spécifiques pour les investissements technologiques.
Digital maturity for SMEs
Technological change is happening at an ever-increasing pace. To remain competitive and ensure their future, companies can’t just adopt digital technology; they must embrace it. The mere use of digital tools is not enough: to become “digitally mature”, companies must also implement a robust digital culture to fully leverage their digital investment and manage the attendant change.
The Business Development Bank of Canada (BDC) is a government financial institution specifically set up to complement private banking services for entrepreneurs. The BDC recently released a report on digital penetration within Canadian SMEs, defined as companies with less than 500 employees. Hoping to encourage these companies to adopt new technologies and make the technological shift to spur growth, the BDC surveyed over 2,000 entrepreneurs on their current digital status. Suffice it to say that there is room for improvement in most of the companies surveyed. Even as technological change has occurred increasingly rapidly since the beginning of the century, and as connectivity, automation and data have acquired strategic importance, most SMEs still show lagging digital maturity.
What is digital maturity? Digital maturity is an assessment of a company’s degree of digital transformation. The Massachusetts Institute of Technology (MIT), in cooperation with Capgemini Consulting, has developed a methodology to measure digital maturity. It is based, first of all, on the use of digital tools such as client- and supplier-relationship management systems, data collection and use to inform decisions, digitization and integration of business processes. The second aspect of digital maturity is an organisation’s digital culture, which is its ability to implement changes such as a new strategy or vision, to plan, to support management, to foster an environment that supports risk-taking and innovation, training and continuing education. Digital maturity is described in terms of digital intensity and transformation management. Technocentric companies achieve better financial results than techno-shy ones. One quarter of all companies combining low digital intensity and poor transformation management have seen their income drop over the last few years.
The advantages of digital transformation translate to hard numbers: Canadian companies with the most advanced digital maturity are 62% more likely to grow their sales significantly, 52% more likely to enjoy high profits, and three times more likely to have innovated in their industry. On the flip side, SMEs who did not invest in digital transformation over the last three years are more likely to have seen their sales plummet.
Despite the demonstrated advantages of investing in technology, just 19% of Canadian SMEs are digitally mature, while their United States competitors fare no better, at 18%. But this national average hides huge gaps between provinces: Quebec SMEs are leaders in digital transformation, at 26%, while BC and Atlantic Canada trail far behind, at 15%.
Of course, company size is a factor in high level of digital maturity (19% of Canadian SMEs compared to 34% of large companies). The industrial sector also plays a role: services companies other companies post higher maturity rates than goods-producing companies.
Setting social media presence aside, it appears that only a minority of companies have fully integrated digital technology in their operations. Overall, 57% of SMEs of all sizes display low digital maturity, which means that they do not use tools for digital marketing, operational management or productivity management such as CRM and ERP systems, data storage or analysis tools, or digital design, production and automation tools.
The five steps to digital maturity
The BDC has identified five crucial steps to digital transformation:
1. Define and share your digital vision.
2. Invest in technology.
3. Establish a culture of change.
4. Unleash the power of data.
5. Work for continuous improvement.
Pierre-Olivier Bédard-Maltais, an economist at the BDC, adds the following words of advice:
“Try to increase your digital maturity one step at a time. Most successful businesses start with small projects to build skills, iron out problems and prove return on investment. Even the smallest project can create long-lasting benefits.”
To help Canadian companies become more successful and competitive, the BDC has designed a digital maturity assessment tool that compares your company’s results with those of other similar-sized companies in your industry. It also provides useful consulting services to help SMEs plan for and implement new technologies. Finally, the BDC provides dedicated funding for technological investments.