Pari tenu : Tesla livre la plus grosse batterie du monde (2017)
Croyez-vous qu’Elon Musk dort parfois ? En 2017, en plus de continuer son travail courant comme PDG de Tesla et de Space X, il a aussi dévoilé son prototype de camion semi-remorque électrique qui promet de révolutionner l’industrie du transport, présenté un nouveau projet de fusée qui pourrait permettre aux voyageurs de faire le tour du monde en moins d’une heure, et continué de propager son message alarmiste envers l’intelligence artificielle, sans compter la gestion d’autres bricoles comme sa nouvelle compagnie de forage de tunnels, The Boring Company.
Et ce n’est pas tout ! Il vient en plus de livrer, tel que promis, la plus imposante batterie au lithium-ion au monde en moins de 100 jours.
Un pari initié sur Twitter
Ça peut sonner comme une blague, mais c’est bien vrai : cette histoire a débuté sur Twitter, en mars dernier. C’est Mike Cannon-Brookes, le cofondateur de l’entreprise logicielle australienne Atlassian, qui a mis Musk/Tesla au défi de construire un gigantesque accumulateur pour mettre un terme aux pannes électriques généralisées qui affectent régulièrement l’état d’Australie-Méridionale. Cannon-Brookes s’est même engagé à trouver l’argent si Tesla pouvait livrer en 100 jours, c’est-à-dire un peu plus de 3 mois.
Musk a pris 18 heures pour répondre, probablement le temps de consulter son cousin Lyndon Rive, cofondateur de SolarCity, entreprise devenue filiale de Tesla. Mais l’attente en valait la peine : le PDG a annoncé qu’il prenait le pari de livrer une batterie d’une capacité de 100 MW/h et qu’elle serait opérationnelle 100 jours après la signature du contrat — sinon, ce serait gratuit. Ledit contrat a finalement été signé fin septembre avec le gouvernement australien, pour un montant estimé de 50 millions de dollars US. En fin de compte, avec l’entrée en fonction de la batterie début décembre, Tesla n’aura eu besoin que de deux mois pour gagner son pari.
La batterie
Installée dans le parc éolien de Hornsdale, près de la ville de Jamestown, dans une région très isolée de l’Australie-Méridionale, la fameuse batterie Powerpack (ou plus exactement une combinaison de ces batteries) a une capacité de 100 MW/h, soit l’équivalent d’une petite centrale électrique au charbon. Chaque mégawatt permet d’alimenter jusqu’à 1 000 foyers.
Confiance légitime ou excès d’orgueil ?
Plusieurs ont vu une certaine arrogance frondeuse dans la certitude de Musk de réussir son pari. Mais il avait deux bonnes raisons d’être sûr de lui : d’abord, avec la récente ouverture de l’immense usine de batteries de Tesla au Nevada, baptisée la Gigafactory.
Deuxièmement, les batteries Tesla ont prouvé leur valeur l’année dernière, après qu’une usine alimentée au gaz en Californie ait été fermée à cause d’une fuite de méthane et qu’on ait demandé à Tesla de produire une énorme batterie de 80 KW/h en 90 jours. Cette initiative a grandement permis de consolider la stratégie de stockage d’urgence de l’État américain le plus peuplé.
Les batteries, une solution d’avenir
Après des pannes d’électricité généralisées et répétées en Australie-Méridionale, le Premier ministre Michael Turnbull a déclaré un “état d’urgence énergétique”, tandis que l’opérateur du marché de l’énergie australien a appelé à des actions immédiates afin de prévenir des pénuries d’électricité imminentes. Un important fournisseur de gaz a de plus prévenu qu’il pourrait ne pas être en mesure de répondre à la demande l’hiver prochain (c’est-à-dire pendant notre été). Des fabricants ont brandi des menaces de mises à pied et de fermetures d’usines si rien n’est fait pour mettre fin aux pénuries et à la flambée des prix de l’énergie.
Les Québécois, qui sont à l’abri dans leur “bulle hydroélectrique” (pour l’instant !), regardent avec étonnement un pays comme l’Australie, l’un des plus privilégiés du monde et membre du G7, qui s’est retrouvé si rapidement dans une situation aussi désastreuse après avoir connu une telle prospérité économique alimentée par la production de charbon tout au long du XXe siècle.
La même chose pourrait-elle se produire dans d’autres pays, en Europe ou plus près de chez nous, aux États-Unis ? Cela n’a rien d’impossible. Et le moment venu, les batteries Tesla et d’autres dispositifs de stockage, combinés à des sources d’énergie renouvelable, pourraient bien devenir rapidement vitaux pour ajuster les fluctuations de l’offre à la demande.
Lyndon Rive croit fermement que d’ici 10 ans, 100 % des bâtiments australiens équipés de panneaux solaires (il y en a plus de 1,6 million à l’heure actuelle) disposeront d’accumulateurs, devenant ainsi quasi-indépendant du réseau électrique. C’est pourquoi, sans surprise, il ne prône pas d’investissement majeur dans de nouvelles centrales ou de nouvelles infrastructures de transport d’énergie, une position qui va à l’encontre de nombreux fonctionnaires et entreprises australiens.
Lyndon explique : “Le pire serait de continuer à investir dans le réseau alors que les panneaux solaires et les moyens de stockage se déploient dans des millions de foyers. Ça n’a aucun sens de dupliquer l’infrastructure.”
Tesla delivers the world’s largest battery
How does Elon Musk find time to sleep? In 2017, while at the helm of both Tesla and Space X, Musk unveiled a prototype for an electric semi-truck that’s set to revolutionize the transportation industry, he presented a rocket that could take passengers around the world in under an hour, and he continued warning the world about artificial intelligence, in addition to other ‘minor’ undertakings like his new tunnel-boring company, aptly named The Boring Company.
But wait – there’s more! On top of all that, he’s just delivered on his promise to produce the world’s largest lithium-ion battery — and he’s done so in less than 100 days.
The Twitter Challenge
It all started last March, with a Twitter challenge. Really. Mike Cannon-Brookes, cofounder of Australian software company Atlassian, challenged Musk and Tesla to build a giant battery to end ongoing widespread blackouts in the state of South Australia. Cannon-Brookes even committed to finding the money if Tesla could deliver in 100 days, or just over three months.
.Musk responded 18 hours later, presumably after huddling with his cousin Lyndon Rive, cofounder of SolarCity, a subsidiary corporation of Tesla. But the wait was worth it: Musk announced that he would deliver an operational 100MW/h battery within 100 days of contract signature, or it would be free. He inked the deal, estimated at $50 million US, with the Australian government at the end of September, and the battery was operational just two months later, in early December.
The battery
The Powerpack was installed at the Hornsdale wind farm, near Jamestown, in a remote part of South Australia. The battery (or rather, the battery system) has a 100 MW/129 MWh capacity, the equivalent of a small coal-fired power plant. Each megawatt can power up to 1,000 homes.
Confidence or hubris?
Some people thought Musk’s blithe confidence bordered on hubris. But he had two good reasons to be sure of himself: first, the recent opening of Tesla’s huge battery factory in Nevada.
Second, Tesla’s batteries proved their worth last year, after a gas-powered plant in California was shut down due to methane gas leakage and Tesla was asked to produce a huge 80KW/h battery in 90 days. This initiative consolidated the emergency power storage strategy of America’s most populous state.
Batteries are the future
After widespread, repeated blackouts in South Australia, Prime Minister Michael Turnbull declared a “state of energy emergency,” while the Australian energy market operator called for immediate action to prevent imminent blackouts. A major gas supplier warned that it might not be able to meet demand next winter (i.e. during our summer). Manufacturers threatened layoffs and closures if nothing was done to end power failures and curb skyrocketing prices.
Quebeckers, who are sheltered by their “hydro bubble” (for the time being!), look on in wonder as a country like Australia, one of the world’s wealthiest and a member of the G7, has ended up in such dire straits so quickly after enjoying such a high level of coal-based economic prosperity during the 20th century.
Could the same thing happen in other countries, like in Europe, or closer to home, in the United States? Probably. And when the time comes, Tesla batteries and other storage solutions, combined with renewable power sources, may provide the key to matching up supply with demand.
Lyndon Rive believes that within 10 years, 100% of Australian buildings that run on solar panels (currently 1.6 million) will have batteries, leading to independence from the grid. Not surprisingly, he is firmly against any major new investments in power plants or transmission infrastructure, a position that runs counter to many Australian officials and companies.
Lyndon explains: “The worst possible outcome would be to continue investing in the grid as solar panels and storage were rolled out to millions of households. It makes no sense to duplicate infrastructure.”