Quel est le meilleur CMS ? (2016)

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La question “quelle est la meilleure automobile” est un peu sotte. Il n’y a pas de meilleure automobile au monde. Certes, il en existe de moins bonnes que d’autres, mais la véritable interrogation doit être “quelle serait la meilleure automobile pour moi, pour mon usage ?”. Si vous habitez dans la forêt boréale canadienne, une Lamborghini ne serait probablement pas le véhicule le plus approprié à conduire au quotidien, même si vous aviez l’argent pour ça. Pour choisir votre auto idéale, vous devez prendre en compte un grand nombre de critères : le prix d’achat, le coût de maintenance, la présence d’un réseau commercial du constructeur (pour un bon service après-vente et l’entretien), le nombre de sièges disponibles, le confort, la capacité de chargement, la puissance, la consommation, la durabilité, le design, etc. Etc. La meilleure automobile pour vous n’est probablement pas celle de votre voisin, car vos besoins ne sont pas les mêmes. Et même si vous avez trouvé la voiture qui vous convient au mieux, vous avez forcément dû faire quand même certains compromis avec vos attentes. L’auto parfaite et sur-mesure n’existe pas.

La question “quel est le meilleur CMS” (Système de Gestion de Contenus, ou SGC, en bon français) est exactement du même type, elle n’est pas plus intelligente et la réponse est d’une grande simplicité : il n’y a pas, il n’y a pas eu et il n’y aura jamais de meilleur CMS au monde. Et toutes les discussions du style “mon CMS est meilleur que le tien” sont stériles.

De fait, si l’on examine les CMS les plus populaires du marché, on peut dire de manière générale qu’ils sont tous bons, ce qui explique aussi leur popularité (sachant que le plus en vogue ne répondra pas nécessairement à vos propres besoins, sauf au prix de bricolages incertains). Tous ces CMS ont tous leurs qualités, mais ces qualités étant souvent de nature différente, il est en fait très difficile de les comparer. Choisir un CMS, c’est en premier lieu faire le bilan de ses attentes : les lister, les hiérarchiser, de celles qui doivent être absolument être comblées de la meilleure façon qui soit à celles qui sont moins indispensables. Et si possible, il faut anticiper les besoins futurs. Il y a aussi d’autres critères qui entrent en ligne de compte, principalement votre budget, car même si ces logiciels sont souvent gratuits, leur installation, l’adaptation à votre cahier des charges, l’intégration de votre design, l’hébergement et la maintenance, ne sont en rien gratuits et peuvent représenter une charge annuelle tout à fait conséquente. Tout est, comme pour le choix de la voiture, une affaire de contexte et de variables.

Ce qui est sûr, c’est que le CMS parfait et polyvalent, celui qui répond à toutes les situations, n’existe malheureusement pas. Si votre usage impose un flux de travaux (workflow) sophistiqué, à toute épreuve, avec un nombre substantiel d’utilisateurs et de profils… vous pouvez déjà écarter ceux qui ne savent tout simplement pas faire, et regarder avec le plus grand scepticisme ceux qui répondent seulement en partie à votre demande via un plugin tiers qui n’offre pas d’importantes garanties de pérennité. Si votre fonctionnalité est vitale, il est mieux qu’elle soit intégrée de base au cœur du produit. Si vous voulez un blogue puissant avec toutes les fonctionnalités qu’on peut attendre d’un blogue, il est préférable d’aller avec WordPress par exemple, qui offre tout ça en standard.

Apprenez aussi à segmenter. Si vous avez des besoins variés, ne vous obligez pas à trouver la solution qui répond à tout. Elle n’existe peut-être pas plus que la licorne rose, le jackalope des plaines ou le dahu des montagnes. Par exemple, il n’est en rien impossible d’avoir un site statique (sans CMS !) pour des pages institutionnelles rarement modifiées, un logiciel spécialisé comme NopCommerce pour vendre en ligne et un autre CMS pour gérer un blogue ou une section d’actualités.

Ensuite, il faut savoir qu’il existe de nombreux CMS dédiés à des métiers. Tout le contraire de la polyvalence : ils font moins de choses, mais le font mieux. Ces CMS sont moins connus, mais bien plus efficaces à immédiatement répondre aux attentes les plus communes d’une profession. Par exemple, si vous êtes photographe, une plateforme hébergée dédiée aux portfolios comme Format vous permettra d’avoir très rapidement un site aux allures tout à fait professionnelles et même de gérer des galeries privées pour présenter à vos clients les photos de leurs commandes.

Vous entendrez souvent : “Utilise TrucCMS, c’est le meilleur”, de la bouche d’un utilisateur passionné de TrucCMS. C’est un mauvais conseil qu’on vous donne s’il ne repose pas sur une connaissance réelle de vos besoins. Et cet utilisateur ne rend même pas service au logiciel qu’il aime tant. Recommander un logiciel pour répondre à une problématique pour lequel il n’est pas prévu, ne peut entrainer ultérieurement que frustrations et rancœurs. Et tôt ou tard tombera le jugement définitif “N’utilisez pas TrucCMS, c’est nul. Je sais, j’ai essayé.”

En outre, n’accordez qu’une confiance modérée aux prestataires de services qui ne maîtrisent qu’un seul CMS. Ils ne sont pas toujours les mieux placés pour vous conseiller avec objectivité. Méfiez-vous aussi de ceux qui disent oui à toutes vos demandes.

Si vous lisez ici ou ailleurs que WordPress est de loin le premier en part de marché, ça ne veut pas dire qu’il peut tout faire — c’est avant tout qu’il existe des millions de blogues et petits sites qui l’utilisent. La popularité n’est pas un critère en soit, si ce n’est qu’elle vient avec certains bénéfices comme une vie communautaire autour du produit, la facilité de trouver un développeur expérimenté (ce qui peut se traduire par de moindres coûts), un plus grand choix de plugins, modules et templates, etc.

Pour faire un choix avisé, faites avant tout une liste de spécifications la plus précise possible. Pour chacune, voyez si le CMS peut le faire soit directement, soit de manière détournée, ou encore ne peut pas le faire du tout. Après, il s’agit d’une affaire d’arbitrage dans vos priorités. Le danger à cette étape est de prendre un CMS trop puissant en regard des besoins réels. Un CMS “léger” est plus facile et moins couteux à adapter et à maintenir. Pensez aussi à l’agrément d’utilisation des interfaces d’administration et ne négligez pas les coûts liés à l’apprentissage d’un outil trop complexe.

Le “meilleur CMS en 2016”, ce sera celui qui s’adaptera le plus à vos besoins actuels et futurs. Ce sera peut-être WordPress, Joomal ou Drupal, ou encore une solution dont vous ignoriez l’existence. Pour reprendre l’expression anglaise popularisée dans les années 1980, en matière de CMS (comme pour tant d’autres domaines logiciels), There Is No Silver Bullet — il n’y a pas de solution miracle.


What is the best CMS?

The question “What is the best car?” is naive. There is no best car. Some cars are better than others, but the question should be “What is the best car for my needs?” If you live in the Canadian boreal forest, a Lamborghini would not be appropriate for daily use, no matter how much money you had. In order to choose the best car for you, you have to take into account all sorts of factors: purchase price, maintenance costs, manufacturer’s presence in the area (for after-sales service and maintenance), number of seats, comfort, load capacity, power, fuel consumption, durability, design, etc. The best car for you is probably not the same as your neighbour’s, due to different needs. And your final choice of car will probably still be a compromise. The ideal, tailor-made car just doesn’t exist.

The same goes for the question, “What is the best CMS” (Content Management System). The question is just as naive, and the answer is simple: there is no best CMS, never has been, and never will be. It follows that any claim that “My CMS is better than yours” is just wrong-headed.

In fact, upon examination of the most popular CMSs on the market, one would say that they’re all good, hence their popularity. This said, the most popular CMS may not necessarily meet your needs without serious alterations. All CMSs have strong points, but these can be vastly different from one CMS to the next, making them difficult to compare. When choosing a CMS, you should make a list of your needs and prioritize them, from “absolute must” to “would be nice”. If possible, try to anticipate future needs. Then, of course, there is the cost aspect, since even though the software is often free, installation, adaptation to specifications, design integration, hosting and maintenance are not, and can often cost a pretty penny. As with cars, it’s all a question of circumstances and variables.

One thing is certain: there is no perfect, all-purpose CMS. If your work method requires a sophisticated, ironclad workflow capability, able to support numerous users and profiles, you’ve just ruled out many solutions and should look critically at the ones that can only meet your needs through third-party plug-ins that offer no guarantee of viability over the long-term. If it’s functionality you’re after, it had better be integrated in the very core of your CMS. If you need a powerful blog capability with all the bells and whistles, you’re better off with WordPress, for example, which has that capability as a standard feature.

Also, try to segment your needs. If your needs are many and varied, do not try to shoehorn them into a single solution. The one-size-fits-all solution is still a chimera. For example, you could very well have a static site (CMS-free!) for rarely-modified institutional pages, a specialized program like NopCommerce for on-line sales and another CMS to manage a blog or newsfeed.

Third, be aware that there are many specialized CMSs catering to different sectors. These CMSs are the opposite of multi-purpose: they do less, but do it well. Though less well-known, they more effectively meet the needs common to a particular sector. For example, photographers will appreciate Format, a platform geared to hosting portfolios, allowing them to quickly achieve a very professional-looking site and to offer their clients private viewing galleries.

Very often, CMS users will hold up their particular CMS as the best and encourage you to use it too. But this is poor advice unless they already have a good understanding of your particular needs. Nor are they doing their pet CMS a favour by foisting it on people whose needs may be different from theirs. Recommending any software to address a situation for which it wasn’t designed can only lead to frustration and anger, and ultimately, to a poor review.

Be very wary of service providers who only master one CMS: they are not in a position to give you impartial advice. Also be suspicious of providers who claim to be able to meet every last one of your needs.

There is no miracle solution. When you read in these pages or elsewhere that WordPress has the lion’s share of the market, it doesn’t mean that it can do it all – it just means that there are millions of blogs and smaller sites that use it. Popularity is not a criteria in itself, though it can come with benefits, such as a vibrant community, a large number of experienced WordPress developers (and the attendant savings), a greater choice of plug-ins, modules and templates, etc.

To make an informed decision, start by making a list of detailed specifications. For each need, assess whether the CMS can meet it directly, indirectly or not at all. Then, you’ll have to weigh your priorities. The danger at this stage is to select an overkill CMS, when lighter CMSs are easier and cheaper to adapt and maintain. Also think of the ease of use of administration interfaces, and don’t underestimate the cost of learning an overly complex tool.

So, the “best CMS in 2016” is the one that will best meet your current and future needs. This could be WordPress, Joomal or Drupal, or an entirely different solution you’ve not yet heard of. As they say, when it comes to CMSs (as for so many other software solutions), There Is No Silver Bullet.