Un soir, en plein milieu des courses, je suis rentré dans l’église et j’ai planté un cierge à Marie, mère de Dieu, femme entre toutes les femmes. Ce qui me poussait à faire ça était tout à fait personnel, j’ai remarqué que ce serait bientôt une habitude. J’en étais au troisième cierge en quelques semaines. Des cierges à cinq francs. L’église est laide. S’y recueillir tient du miracle : aux heures d’ouverture, les touristes affluent, les fidèles sacrifient au rite dans une petite salle à droite du chœur. Les enfants, parfois scouts, se poursuivent en riant ou en criant. Tout cela résonne, quand ce ne sont pas les cloches. Et puis l’édifice tremble, le sol vibre perpétuellement au passage d’un camion, du métro, d’une poussette. C’est distrayant : j’en oublie que j’allais avoir une pensée pour maman, que c’est un peu pour elle le cierge, pour ne pas oublier de prier pour moi, pour mon âme, pour mon corps, pour ma vie.